mardi 25 février 2014

Richard Kern

Richard Kern fait principalement des portraits de femmes. D'abord, dans le milieu underground du rock, du porno, de la scène punk. Il développe, plus actuellement, un univers feutré se basant sur les thèmes du voyeurisme, de l'intimité, de la jeunesse, du désoeuvrement, du corps et de la complexité de la séduction.

Kern, cependant, en reste toujours à ses premières amours. Il photographie Sasha Grey, actrice X "hardcore" ainsi que d'autres personnalités sulfureuses. 
Le choix de ses modèles peut être très conventionnel (mannequins filiformes, cheveux longs, visages enfantins) mais aussi, et c'est plus intéressant, singulier. 
Certaines des femmes photographiées par Kern ont des particularités qu'on ne voit jamais dans les magazines et les photos de mode. 
(tatouages, cheveux courts, couleurs excentriques, poitrines très développée, rondeurs...)
Ces filles sont donc des "girls next door " auxquelles d'autres peuvent s'identifier.
Kern les met en valeur, les habille, les déshabille, leur fait jouer des situations d'intimité et nous invite à être voyeurs, audience, interlocuteur.
Leurs défauts sont assumés, éclairés, magnifiés.
Kern exige que ses modèles (la plupart du temps choisies sur castings) arrivent le jour du shooting sans maquillage ni apparat.
Je l'ai même vu, une fois, dans un reportage pour Vice, forcer une modèle a retirer devant lui le peu de rouge à lèvres qu'elle portait.
Le naturel est donc la première condition au travail de Kern. La beauté doit être brute, jeune, marquée et singulière.
KErn a horreur de l'uniformisation et de l'institutionnalisation de la beauté. 
Elles existent toutes et elles existent pour elle-même, pas au travers les unes des autres, dans son travail.
Elles sont l'objets, le temps d'une série de photographies, de toutes les attentions, héroines de chroniques adolescentes, au coeur de la fascination de l'artiste pour les jeunes femmes.
Les décors sont également ceux d'appartements feutrés, dans lesquels réside le désordre, fouillis de vécu, d'objets, de vêtements... Les espaces sont confidentiels, anecdotiques, prétexte à ce qui semble, ensuite, être une séance photo improvisée, au flash.
Les lumières sont nettes, propres, claires, blanches. 
Kern produit de nombreuses publicités pour American Apparel, connues pour être sexy et sulfureuses, brutes et provocantes.
Sa vision de la femme/fille est en pleine adéquation avec elle de la marque : 

à peine maquillée, charnue, sexuelle, sensuelle, jeune, sauvage, spontanée, habillée de sous-vêtements vintage en stretch, de culottes de coton, les cheveux décoiffés, la beauté à la fois "canon" et spéciale, inaccessible et outrageuse.

Les filles de Kern sont à la fois banales et extraordinaires, intimes et spectaculaires.
Anonymes, dans le feutré d'un appartement et le cocon de la nudité puis dans un jeu de séduction sulfureux au coeur duquel se mêlent les antidépresseurs, la drogue, les armes, des scènes de relations homosexuelles et toujours, la provocante idée selon laquelle le glamour aurait changé de peau.






























http://www.richardkern.com/

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